Janvier 2021, le soleil brille dans le ciel de l’Atlas marocain. Patrick Heinemann, conseiller français en arboriculture fruitière, grimpe dans l’arbre et commence à tailler tout en donnant des explications. Patrick connaît bien la démarche de Fert. Depuis près de 20 ans, il intervient dans plusieurs pays auprès des organisations de producteurs partenaires de Fert. Cette fois-ci, il rencontre des arboriculteurs marocains du cercle de Rich (Haut Atlas central), accompagnés par Fert depuis 2014. Avec nous, il revient sur sa mission.

Quel était l’objectif de cette mission ?

C’était d’abord une mission découverte : je connais le Maroc, l’Algérie, etc. mais je ne connaissais pas cette zone de montagne, ni les agriculteurs, ni leurs exploitations familiales. L’objectif était de les accompagner dans la conduite de leurs vergers. En ce moment, c’est la période de la taille alors c’était l’occasion d’échanger sur cette technique, d’observer les arbres ensemble et de partager mes connaissances et expériences dans ce domaine. Les agriculteurs de Rich se questionnent beaucoup sur cette technique qu’ils pratiquent depuis peu de temps.

Que pouvez-vous apporter lors de ces échanges ?

Mon expérience de conseiller en arboriculture en France. Depuis 4 ans, un technicien intervient régulièrement auprès des arboriculteurs de Rich, mais ma posture était différente et complémentaire de celle du technicien. J’interviens en tant que conseiller, mon métier n’est pas de dire ce qu’il faut faire, mais de voir ce qui ne va pas et ce qui va, d’écouter les agriculteurs, leur façon de travailler et les problèmes qu’ils rencontrent pour leur montrer de nouvelles techniques plus adaptées. Ensuite c’est eux qui décideront s’ils veulent les adopter ou non.

Je sais par mon expérience qu’il faut être le plus concret et imagé possible. Les grandes explications techniques et scientifiques ont peu d’impact, la démonstration est à mon sens essentielle. Il faut aussi que l’agriculteur prenne lui-même les décisions et se sente rassuré pour les appliquer.

Qu’avez-vous fait concrètement durant cette semaine ?

Chaque jour, j’ai rencontré un groupe de producteurs différent, dans des douars différents. Et j’ai visité plusieurs de leurs vergers, 6 environ par jour. Avec mes propres outils, j’ai réalisé des démonstrations sur la taille.
Je réalisais une démonstration de la taille et j’expliquais ce que j’avais fait et pourquoi. Ensuite je leur proposais de faire la même chose. Chacun prenait un arbre, expliquait ce qu’il allait faire, comment et pourquoi, puis le faisait. C’est important de pouvoir expliquer ses choix, ça permet de comprendre ce qu’on fait.

Comment s’est passée cette mission ?

Très bien. Cette mission a été très intéressante pour moi et les agriculteurs. Ils ne maîtrisent pas toujours bien la technique de la taille, ils semblaient vraiment intéressés. Il y avait une vraie appétence à l’apprentissage dans tous les groupes rencontrés. Et ces journées nous ont permis d’échanger sur d’autres aspects, comme la fertilisation des sols ou les maladies.
Nous avons eu un bon échange, convivial et riche. Je pense que je peux encore apporter mon expérience sur d’autres techniques notamment l’éclaircissage. Et il me faudra revenir à d’autres moments de l’année pour voir toutes les étapes de la culture des pommes, comme par exemple le déclenchement de la récolte. Comme le contact est très bien passé sur place, d’autres missions sont sans doute à prévoir. Mais il faut aussi que les agriculteurs puissent avancer sur l’analyse de sol, c’est un peu le B.A.BA pour pouvoir raisonner ses apports, adapter ses achats et mieux vivre de sa production.

A la suite de cette semaine, Fert a donné aux agriculteurs de Rich un guide résumant les recommandations techniques discutées lors des visites.

Fert intervient au Maroc en partenariat avec l’IECD.