En septembre 2020, Formagri, une association malgache de formation des leaders agricoles a rouvert son Université Paysanne sous une forme rénovée, après une longue période d’attente des leaders agricoles.

Formagri est une association créée en 1993 sous l’impulsion du groupe Fifata et de Fert. Son objectif était de former les élus des organisations de producteurs nationales. En 2007, l’association avait cessé son activité à la suite de difficultés de gouvernance et de financement.

Devant la demande croissante des élus agricoles malgaches, un cursus de formation de leaders paysans (FLP) avait été lancé en 2012. Mais ce cursus forme les leaders paysans du groupe Fifata depuis la base jusqu’au niveau national. Alors en 2020, le groupe Fifata a sollicité Fert pour accompagner la relance de l’association Formagri et ainsi compléter son cursus de formation. Cette renaissance a bénéficié également du soutien de l’Agence Française de Développement.

Formagri est désormais composée d’élus paysans représentant les six organisations paysannes faîtières malgaches et est présidée par un membre du Conseil d’Administration de Fifata.

Une formation complète

Aujourd’hui, deux promotions sont engagées dans le cursus de formation (six sessions d’une semaine). La première promotion a déjà suivi trois sessions et s’apprête à participer à la quatrième dès le 15 février prochain, la seconde entamera sa troisième session le 1er mars. Chaque promotion mêle leaders et cadres agricoles.

Pour renforcer leurs connaissances citoyennes, indispensables au débat public, sept thèmes ont déjà été approfondis.

Tous en lien avec le futur rôle de leader national des stagiaires, ils abordent : la connaissance du pays, les invariants culturels, la création de richesse, la structuration du monde rural, l’origine et l’utilisation des ressources de l’Etat Malagasy, l’Etat et le rôle de ses institutions et les principales lois qui impactent l’agriculture

S’exercer à la défense des intérêts des producteurs

Mais l’Université Paysanne n’est pas seulement le lieu d’un apport de connaissances. C’est aussi l’occasion, en restant dans le cadre « bienveillant » d’une formation, de s’exercer à défendre les intérêts des producteurs agricoles malgaches. Pour cela, les participants sont invités à produire des argumentaires structurés, construits à partir de travaux collectifs de réflexion et d’activités en binôme (élu paysan/technicien). Les stagiaires s’exercent également par des mises en situation face à des décideurs pour être capable de porter efficacement un message et travailler la confiance en soi.

A ce jour, les stagiaires ont analysé trois dossiers agricoles : la commercialisation des produits agricoles, la formation professionnelle agricole et le financement de l’agriculture. Cet exercice leur a permis de s’interroger et débattre sur des problématiques comme l’agrégation agricole, la coopérative agricole, l’agriculture contractuelle, la formation professionnelle agricole de masse des jeunes ruraux de moins de 18 ans ou encore un meilleur accès des paysans au Fonds de Développement Agricole (FDA).

Des débats, sous forme de table ronde, sont systématiquement organisés pour confronter les points de vue et des personnalités extérieures sont invitées à y participer telles que des représentants du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP), des programmes de développement, de Fifata, ou encore des intervenants paysans.

La formation doit se conclure par un travail en binôme élu/technicien portant sur une proposition concrète visant à améliorer la situation des paysans malgaches. Cette proposition sera présentée oralement devant un jury par le stagiaire paysan.

Par la diversité des thèmes que Formagri aborde, la formation constitue un outil indispensable pour renforcer la légitimité et l’implication des organisations de producteurs malgaches dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques agricoles de l’Etat.