Après trois mois passés en France à la découverte de la filière laitière normande, Temo Balakhashvili – technicien agricole au GBDC – raconte comment cette expérience est source d’inspiration pour les actions qu’il mène auprès des éleveurs laitiers du Caucase.

Fert : Qu’est-ce qui a motivé ton séjour de 2 mois dans la Manche, et qu’attendais-tu de ce séjour ?

Cela fait cinq années que le GBDC (Georgian Business Development Center) et Fert travaillent ensemble ; et depuis la Géorgie, nous avons une vision d’une agriculture française bien développée. Au GBDC, je suis technicien agricole et j’ai proposé à mon équipe, Fert et Savencia (ndlr : partenaire sur le projet en Géorgie) de réaliser un stage d’immersion en France. En Géorgie, nous manquons de techniciens et de compétences en matière de production laitière. Venir en France me permettait de me former dans l’action, de découvrir et d’apprendre des compétences techniques. Mais c’était aussi l’occasion d’avoir une vue globale sur différentes types d’exploitation et de voir comment tout cela fonctionnait en France.

Fert et Savencia m’ont donc proposé d’être basé sur la ferme expérimentale de Blanche Maison*, près de St Lô en Normandie. Là-bas, ils mènent des expérimentations pour améliorer les élevages français ; par exemple, actuellement, ils essaient de mettre en place de nouveaux types de pâturage, de nouveaux systèmes de production, davantage tournés sur l’agroécologie.

Ce séjour avait pour objectif d’être à la fois utile pour notre équipe et pour les éleveurs.

Fert : Qu’as-tu fait et appris durant ton séjour ?

A la ferme expérimentale, il y a une exploitation, des bureaux et une maison d’habitation. Je vivais à la maison avec Antoine, une personne qui travaille sur la ferme. Deux autres personnes venaient également travailler sur l’exploitation. Je travaillais à la ferme pour la traite et pour nourrir les animaux. Parfois je travaillais également au bureau, avec le Directeur de la ferme et une ingénieure d’expérimentation. Deux stagiaires, venus d’un lycée agricole de la région, sont également venus pour des périodes de stages pratiques.

Au bureau il y avait parfois des formations dispensées auxquelles je participai ; sur la nourriture des animaux par exemple. J’ai également eu l’opportunité de visiter plusieurs types de fermes (conventionnelles ou biologiques) qui avaient mis en place des systèmes d’élevage différents, avec des races bovines différentes, etc.

Durant mon temps libre, j’ai eu l’occasion d’aller découvrir et visiter le Mont Saint Michel. Alors que nous étions en train de nous promener, quelqu’un a appelé « Temo ?! » Je pensais que ce n’était pas pour moi mais il s’est avéré que c’était un jeune géorgien que j’avais connu à l’université. C’était tellement improbable de le rencontrer ici !

Fert : Que vas-tu partager une fois arrivé en Géorgie ?

A mon retour en Géorgie, je partagerai mes découvertes avec mon équipe – aujourd’hui 6 personnes – et surtout avec les producteurs.

Avant de partir, j’ai interrogé les éleveurs quant à leurs attentes sur ce séjour. Depuis le début, je leur avais dit que je partais pour leur être utile. Ils m’ont donc fait part de leurs questions et de leur intérêt pour ce séjour de découvertes. Leurs questions tournaient autour de : comment faire des fromages de qualité ?, comment avoir de belles génisses ?, comment les nourrir convenablement ?, comment les coopératives laitières fonctionnent en France ?, etc.

A mon arrivée, je discuterai avec eux de ce que j’ai appris et découvert pour peut-être mettre en place de nouvelles façons de faire là-bas. Je vais également partager avec eux et avec mon équipe ma vision des différences et similitudes entre les problématiques de production laitière en France et en Géorgie. Je vais aussi partager abondamment les photos que j’ai pu prendre et les différentes organisations que j’ai pu découvrir en France.

Mon souhait est d’accompagner au mieux les producteurs dans leur volonté de développement et je vais m’appuyer sur cette expérience pour éviter de faire des erreurs à l’avenir.

*La ferme expérimentale de la Blanche Maison est pilotée par les Chambres d’Agriculture de Normandie, et conduit des expérimentations avec l’appui de l’Institut de l’Elevage, l’Inra, les Organismes de Conseil en Elevage Littoral Normand et le lycée de Saint-Lô Thère