Depuis plus de 20 ans, Fert sollicite régulièrement le Bureau Technique de Promotion Laitière, un organisme de conseil et de formation des acteurs de la filière laitière en France, pour partager son expertise auprès des éleveurs accompagnés par Fert. Une première collaboration a été très fructueuse au Brésil et a donné lieu à d’autres partenariats, notamment à Madagascar et en Géorgie. Gérard Sidot revient sur son expérience auprès des éleveurs géorgiens.

Pouvez-vous vous présenter ainsi que le BTPL ?

J’étais ingénieur régional au sein du BTPL pendant 25 ans puis j’ai pris la direction du BTPL de 1995 à 2013. Le BTPL a été créé en 1972 par des coopératives laitières pour former et accompagner les adhérents et les techniciens. J’ai l’habitude de dire que la première richesse d’une exploitation, c’est l’individu, il faut donc investir dans les individus. Le BTPL est dans ce même état d’esprit.

Comment a démarré ce partenariat entre le BTPL et Fert ?

On a travaillé une première fois avec Fert au Brésil dans l’Etat du Paranà. C’était une réussite formidable, nous nous sommes rencontrés sur les mêmes valeurs, la même façon de travailler. On a continué notre collaboration à Madagascar puis en Géorgie où nous avons effectué une première mission en 2017.

En quoi consiste cette collaboration en Géorgie ?

Dans un premier temps, nous avons accompagné de très petites exploitations avec quelques animaux uniquement. En 1972, le BTPL avait fait la même chose en France, accompagner des petites exploitations en apportant son expertise en production laitière. En Géorgie, nous n’avons rien réinventé, nous avons accompagné les éleveurs sur le terrain avec notre expérience française. Nous sommes allés sur le terrain pour fournir un accompagnement en proximité. Un des premiers outils que j’utilisais au BTPL et en Géorgie, c’était une bêche et un couteau. Avec cette bêche et ce couteau, je faisais un trou dans la terre pour voir les vers de terre. C’est une démonstration simple et efficace, s’il n’y a pas de vers de terre alors le sol ne vit pas. Nous avons également fait attention de nous mettre au niveau de nos interlocuteurs, c’est très important. Si un agriculteur ne comprend pas, ce n’est pas sa faute mais celle du conseiller. Il faut donc des démonstrations simples et pratiques, en groupe et en individuel, sur le terrain, dans les champs, les bâtiments et au milieu des animaux. Et puis, nous avons écouté les éleveurs, il faut savoir écouter et observer, et ne pas venir en pensant tout savoir.

Selon vous, qu’est-ce que le BTPL apporte aux actions de Fert ?

Notre expertise. A la fois sur des questions techniques, de sol, de fourrage ou encore d’alimentation. Mais aussi sur des questions économiques. On a par exemple accompagné les éleveurs dans la construction d’outils simples de gestion technico-économique. En Géorgie, les éleveurs n’avaient pas une grande culture des chiffres et de l’écrit. Nous avons donc essayé de mettre en place cette culture. Lors d’une réunion de groupe en 2019, nous avons comparé les résultats entre les éleveurs. Chaque éleveur a participé et s’est exprimé. C’était formidable d’assister à ces échanges, les éleveurs ont pris conscience de l’importance des chiffres.

Qu’est-ce que vous a apporté cette collaboration avec Fert et les éleveurs géorgiens ?

Ça m’a rajeuni ! J’ai accompagné des éleveurs en France pendant 40 ans, alors arrivé à la retraite, c’était du bonheur de partager mon expérience à d’autres pays. Les conditions en Géorgie sont différentes mais les principes de bases de l’accompagnement restent les mêmes. Je me suis rendu trois fois en Géorgie et chaque mission était formidable, je voyais les progrès d’une mission à l’autre. J’ai rencontré des agriculteurs motivés qui avaient envie d’avancer, et une équipe technique dynamique, celle du GBDC, qui réalise ses propres expériences.

Publié le 30 avril 2021.