Malgré l’importance du rôle des femmes dans le secteur agricole, leur accès aux services de conseil est limité. Fert accompagne les organisations paysannes malgaches pour leur permettre de mieux prendre en compte les femmes dans leurs services de conseil et sensibiliser les ménages à leurs responsabilités.

Un accès limité aux services de conseil agricole

Selon une étude commanditée par Fert sur la place des femmes dans les organisations de producteurs et de productrices à Madagascar, seulement 25% des femmes estiment avoir un accès satisfaisant au conseil agricole. Cette mauvaise performance peut s’expliquer par plusieurs contraintes. Parmi elles, le fait que les femmes doivent assumer les tâches domestiques en parallèle de leurs activités agricoles ; elles sont donc moins disponibles pour participer aux formations ou visites d’échanges. On retrouve également la nature des activités agricoles (les femmes s’occupent des plus petites productions), le poids culturel, l’analphabétisme ou encore l’accès limité au foncier.

Une volonté d’adaptation pour intégrer les femmes

L’expérience de Fert de plusieurs années de conseil agricole en Afrique subsaharienne (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Kenya, Madagascar…), montre que ce n’est qu’à partir d’une prise de conscience des contraintes des femmes par les producteurs et productrices et leurs techniciens et techniciennes, et d’une volonté politique des élu·es au niveau des organisations professionnelles, que l’adaptation des services est envisageable.

Conscientes de ce problème, les organisations de producteurs malgaches ont mis en place un ensemble de petits aménagements pratiques pour faciliter la participation des femmes. Le principal réside dans la prise en compte de l’agenda particulier des femmes : les horaires sont adaptés pour permettre une meilleure participation des femmes.

« J’ai organisé les activités de conseil de 14h à 16h avec les membres de l’OP car les femmes sont moins disponibles en matinée. »

Un conseiller agricole à Madagascar

Des services qui favorisent l’implication des femmes

Certains services attirent plus de femmes car ils répondent davantage à leurs besoins : l’accès au foncier (services d’immatriculation foncière et conseils juridiques), l’épargne-crédit local via les Groupements Villageois d’Entraide Communautaire (GVEC) ou le stockage des produits agricoles… L’association Cap Malagasy, spécialisée dans le conseil agricole, a développé avec Fert un outil pédagogique, « le Monopoly agricole », particulièrement adapté aux femmes. Ce support permet de simuler le fonctionnement d’une exploitation agricole sur une année afin d’apprendre à analyser une exploitation et à prendre les bonnes décisions. Il est très intéressant pour les agriculteur·rice·s ne sachant ni lire ni écrire puisque le jeu est illustré par des dessins et photos, il permet donc d’intégrer plus facilement les femmes (plus souvent analphabètes). Par ailleurs, les animations sont la plupart du temps réalisées auprès des couples permettant ainsi de sensibiliser les ménages à l’implication des femmes dans la gestion de l’exploitation.

« J’essaie de venir au domicile de la femme membre de l’OP quand son mari est là afin de discuter avec lui et de le convaincre progressivement. Il finit par accepter ».

Un conseiller agricole à Madagascar

Le conseil agricole pour gagner en confiance en soi et prendre des responsabilités

L’accès au conseil permet aux femmes de prendre confiance en elles et par la suite de prendre des responsabilités au sein d’organisations. Mais le chemin vers une prise de responsabilités n’est pas toujours simple. Les maris peuvent être réticents à l’idée que leur femme s’absente quelques jours pour réaliser des visites d’échanges. Cependant ils changent de regard lorsque les revenus du ménage augmentent sous l’effet des nouvelles pratiques agricoles acquises par leur femme.

Le prise de responsabilités des femmes au sein des OP est essentielle pour leur permettre d’influencer les pratiques et favoriser leur reconnaissance.

« Nous avons besoin d’un accompagnement par des techniciens et des leaders expérimentés pour pouvoir nous en sortir. Il faut aussi orienter les appuis vers les femmes leaders pour que nous devenions plus professionnelles et que nous ayons davantage confiance en nous. »

Cet article est tiré d’une contribution des équipes de Fert et Fifata à Madagascar pour le n°80 « Savoirs féminins » de la revue Grain de Sel d’Inter-réseaux Développement Rural.

Publié le 23 avril 2021.