Les 24 et 25 novembre derniers, l’association géorgienne Ertoba organisait son Assemblée Générale à Akhaltsikhe. Retour sur cet évènement.

Ertoba, une jeune association

Ertoba (qui signifie « Unité » en géorgien) est une association d’agriculteurs créée en 2015 à l’initiative de 11 éleveurs laitiers de la région Samtskhe Javakheti.

« Notre association a été créée par 11 agriculteurs qui se réunissaient au début de manière informelle pour parler de leurs problèmes. Avec l’aide de Fert et du GBDC, nous avons eu la possibilité de voyager en France en 2014, et c’est au retour que nous avons voulu créer l’association pour la rendre formelle. C’était unique pour la Géorgie, nous ne savions pas si ce type d’associations d’agriculteurs existait déjà dans notre pays ».

En effet, depuis la fin de l’époque soviétique, les agriculteurs géorgiens étaient peu enclins à se regrouper, éprouvés par l’expérience des kolkhozes.

Depuis, Ertoba s’est renforcée en conduisant des chantiers variés. Elle a ainsi engagé des discussions avec l’Etat pour faciliter l’accès aux vaccins contre la brucellose, l’attribution de subventions « coup de pouce » pour l’acquisition de matériels pour des groupes d’agriculteurs, la mise en place de services vétérinaires et plus récemment un service d’approvisionnement groupé en intrants. Tous ces services ont permis d’attirer de nouveaux membres et ainsi compter 137 adhérents en 2022.

L’heure du renouvellement

Pour renouveler le bureau original et intégrer de nouvelles voix, Ertoba a organisé le 24 novembre 2022 sa première assemblée générale élective. Si l’objectif premier était de réunir l’ensemble des adhérents pour partager le bilan et réfléchir à l’avenir de l’association, cette AG visait aussi à élire 4 nouveaux membres du bureau (sur 12 places). Un travail préparatoire en commission avait permis d’identifier six agriculteurs candidats et de les accompagner à mener campagne dans leurs villages. Chacun des 6 candidat.e.s avait préparé sa profession de foi dans laquelle il.elle partageait sa compréhension du but de l’association, le chemin pour développer les activités et la responsabilité qu’il.elle souhaitait prendre.

De nouveaux défis

Au cours de l’assemblée générale, plusieurs sujets ont été débattus entre les 80 agriculteurs et la vingtaine de partenaires locaux présents.

  • D’abord sur la production laitière : les agriculteurs sont conscients de la nécessité d’augmenter la production de fourrages au sein des exploitations. Différents leviers techniques et organisationnels ont été identifiés pour diffuser des pratiques simples et déjà éprouvées par quelques-uns.
  • Puis, sur la production fromagère : les agriculteurs ont convenu de l’importance de stabiliser et régulariser la qualité de leur lait, pour mieux promouvoir et valoriser leurs fromages en lien avec leur territoire.
  • Enfin, sur l’installation et la formation des jeunes : aujourd’hui, le métier d’agriculteur n’est pas reconnu selon un niveau de compétences, mais uniquement dépendant d’un titre de propriété. Les membres d’Ertoba souhaitent faire valoir la formation comme un préalable nécessaire à tout projet agricole.

Pour relever tous ces défis, les agriculteurs ont besoin d’Ertoba pour se grouper, faire entendre leur voix et s’associer à des partenaires pour conduire des actions concrètes. L’assemblée générale aura permis de partager ces préoccupations et confirmer la force de ce groupe. Souhaitons que l’année 2023 permette des avancées sur ces défis !

La parole aux agriculteurs géorgiens

« Le collectif, le groupe est très précieux. Quand tu arrives avec des questions et des problèmes, ils essaient toujours de répondre, de donner des solutions. On apprend beaucoup des autres. »

 « Quand tu es tout seul et que tu ne crois qu’en tes idées, que tu ne veux pas apprendre de nouveautés, tu restes toujours au même stade. Avec Ertoba, quand les agriculteurs se réunissent, ils échangent sur leurs résultats, ils se soutiennent, ils se donnent des conseils. »

« Être élu, c’est être responsable : je ne suis pas là uniquement pour moi. Si je prends cette responsabilité, je dois toujours être en veille, demander et suivre ce qui se passe, apprendre pour ensuite partager avec les autres ».