En 2017, quelques éleveurs de la SMSA Zed Elkhir (société mutuelle de services agricoles – type coopérative) et la SMSA elle-même se sont lancés dans une expérience pilote sur « le lait de chamelles » : organiser le gardiennage en commun de chamelles, effectuer la traite des chamelles en lactation et vendre le lait. Cette expérience a séduit le Prodefil, un programme d’appui aux filières financé par le FIDA et coordonné par le CRDA, qui a décidé d’accompagner la SMSA dans cette expérience. Des difficultés dans l’attribution des marchés a retardé l’appui, mais 50 chamelles en lactation ont été fournies entre mai et septembre 2019, à 5 éleveurs bénéficiaires, et la construction du centre de collecte qui sera mis à disposition de la SMSA devrait être finalisée fin 2019.

Fert a accompagné la SMSA lors de son expérience pilote en 2017 et a poursuivi son appui en 2018 et 2019 notamment au niveau de la formation et de l’accompagnement technique des éleveurs qui initiaient cette production laitière.

En septembre 2019, une mission de Laurent Roy du service DEFIS de l’IRC-Montpellier SupAgro a également été organisée pour accompagner la SMSA dans l’organisation de son service de collecte : il s’agissait d’aborder aussi bien le niveau « éleveur » et la gestion du lait après la traite, que le fonctionnement du centre lui-même et la commercialisation du lait.

Il témoigne : « Cette mission a permis de soulever de nombreuses questions qui n’avaient pas encore été envisagées par les éleveurs et les élus de la SMSA. Au-delà de l’organisation du centre de collecte et des choix à prendre quant aux modalités de collecte, …, la SMSA doit réfléchir à son dispositif d’accompagnement du développement de la production laitière. Je m’explique : en 2019, 5 éleveurs ont bénéficié de 10 chamelles laitières chacun, des formations pour la conduite d’un troupeau laitier, la traite, etc. Qu’en sera-t-il en 2020, d’autant plus que ces chamelles ne produiront à nouveau qu’en 2021 … ? De plus, faute de centre de collecte opérationnel, ces éleveurs ont dû s’organiser dès 2019 pour vendre le lait qu’ils ont produit. Dans la construction de son service de collecte, la SMSA doit donc être vigilante aux avantages à fournir par rapport aux circuits de commercialisation préexistants, tout en sécurisant la viabilité du centre, et notamment financière.

Ce ne sont que quelques-unes des questions soulevées lors de la mission. La SMSA doit maintenant développer son business plan, réfléchir à son plan d’accompagnement, suivre les travaux du centre de collecte, s’assurer des bonnes conditions de partenariat avec le CRDA quant à la mise à disposition du centre, définir un cahier des charges pour le lait collecté, se préparer à négocier ses marchés … Etant donné ces importants besoins et les défis, Fert, en partenariat avec DEFIS, vont très probablement poursuivre leur accompagnement.

C’est certain qu’il y a beaucoup de choses à préparer, mais il y a de nombreux éléments positifs : les 5 éleveurs sont prêts à continuer la production laitière, la SMSA va identifier d’autres éleveurs (et il semble qu’il y ait déjà des éleveurs intéressés), et en face il y a des acteurs – des transformateurs de lait et des commerçants – prêts à s’engager pour commercialiser le lait de chamelles car la demande des consommateurs sur le marché est supérieure à l’offre existante. »