C’est dans l’élan de la dynamique TransFert en Afrique subsaharienne que 8 représentants de la confédération malgache Fifata accompagnée par Fert, se sont rendus au Kenya du 6 au 10 février 2017 pour un voyage d’étude placé sous le signe du lobbying des organisations de producteurs. CGA (Cereal growers association) également accompagnée par Fert, était leur hôte dans cette immersion au cœur de l’organisation agricole kenyane.

Ce n’est pas si courant, qu’une délégation d’élus et techniciens d’organisations agricoles d’Afrique subsaharienne se rencontrent et approfondissent sur une problématique commune.

Grâce à la dynamique et aux rencontres permises par TransFert, une délégation malgache de producteurs et de techniciens de Fifata a rejoint le Kenya pour rencontrer CGA, une organisation d’envergure nationale également, dont la force initiale a été la réactivité à l’actualité, celle qui concerne le devenir de la production agricole nationale et le revenu de ses producteurs. Le programme avait été dessiné au regard des attentes des uns et des autres. De l’action de terrain, à la consolidation des messages et des actions de lobbying au niveau national, les visiteurs malgaches ont pu apprécier l’envergure de l’organisation de CGA.

La visite de la coopérative de Meguarra a permis d’évoquer le contexte de création, mais aussi l’importance du service de stockage vis-à-vis des décideurs étatiques et autres partenaires commerciaux. La discussion avec deux leaders locaux mais également avec des interlocuteurs publics, comme le NCPB (organe national de gestion des stocks nationaux de sécurité alimentaire), a confirmé que par sa capacité de stockage, la coopérative avait pu par exemple négocier avec l’État la construction d’une route vers Meguarra.

Mais plus encore, la rencontre entre élus a encore une fois été source d’enseignement et d’admiration pour tous. L’ancien président de CGA, Hugo Wood, a été inspirant et a particulièrement marqué tous les membres de la délégation, mais aussi les membres de l’équipe de CGA qui les accompagnaient. En évoquant avec lui l’histoire de la CGA et son évolution dans le temps, les leaders malgaches ont pu mesurer le chemin parcouru en termes de reconnaissance et d’écoute des pouvoirs publics envers cette organisation de producteurs.

Des visites et des rencontres des acteurs de terrain aux acteurs nationaux, qui ont été jugées pertinentes par l’ensemble de la délégation et qui ont permis de nourrir les échanges de retour au siège de CGA à Nairobi.

A l’heure de la synthèse et des bilans, Malgaches et Kenyans ont pu noter que si CGA s’est illustrée par sa forte capacité de mobilisation dans ses actions de lobbying, les représentants de Fifata ont pu évoquer leurs avancées en matière de formation de leaders à Madagascar. La force de mobilisation et de persuasion reposant essentiellement sur des leaders qui portent les messages, les interlocuteurs kenyans et malgaches ont affirmé ensemble l’importance de la formation des représentants d’OP.

Au fil des années, CGA a mûri dans son action et son impact sur le lobbying. Elle a pu partager avec Fifata ce qu’elle considère comme des facteurs clés pour assurer la réussite de l’action de lobbying :

  • Avoir confiance en son pouvoir : les producteurs représentent une large portion de la population, ils produisent pour nourrir le pays ; en cela, ils ont un pouvoir de prise de parole et d’action,
  • Assurer une large mobilisation, en construisant des alliances le plus tôt possible pour peser et être entendus. En premier lieu, disposer d’une base de membres très large,
  • Avoir de bons élus, bien formés, charismatiques et bons orateurs, capables de parler à des interlocuteurs de haut niveau,
  • Se reposer sur des équipes techniques efficaces avec un bon niveau technico-économique,
  • Disposer de ressources solides : le lobbying coûte cher, il faut donc savoir mobiliser des moyens financiers,
  • Être organisé pour pousser, sensibiliser et convaincre à tous les niveaux utiles (parlementaires, administrations centralisées ou décentralisées, opinion publique au besoin, jusqu’au Ministre ou au Président en fonction des sujets),
  • Être audible en martelant tous un même message, clair et ferme sur le fond, tout en l’adaptant à son auditoire,
  • Baser son message, sa prise de position, sur des études de cas objectives (travaux universitaires…).

Ce voyage d’étude « sud/sud », a démontré, si besoin en était, toute sa pertinence pour favoriser l’apprentissage collectif.