C’est actuellement la pleine période pour la reproduction des vaches laitières en Géorgie. Retour sur le service d’insémination artificielle mis en place depuis 2015 par le GBDC-AO et Ertoba, accompagnés par Fert.

En Géorgie, les élevages laitiers sont composés essentiellement de vaches de races locales (brunes caucasiennes) parfois croisées avec des Swiss Brown. Elles présentent des qualités d’adaptation aux zones de montagne et des facilités de vêlage mais hélas, ont une production laitière annuelle peu importante. Pour augmenter le potentiel laitier de leur troupeau, les éleveurs de l’association Ertoba ont souhaité disposer d’un service d’insémination artificielle.

Depuis 2015, le GBDC-AO propose aux éleveurs de la région Samtskhe-Javakheti un service payant d’insémination intégrant un accompagnement à toutes les étapes du processus. En partenariat avec Coopex Montbéliard, une coopérative française d’insémination, trois types de semences issues d’élevages français sont proposées : Montbeliard, Abondance et Tarentaise.

Depuis le lancement de ce service, 115 vaches ont été inséminées et 74 veaux sont nés (soit un taux de réussite de 64%). Les résultats ont vite été remarqués, les vaches inséminées produisent 1 100 litres de lait de plus par an que les races locales.

Malgré cela, Ertoba et le GBDC ont constaté ces derniers mois un manque d’intérêt des éleveurs pour l’insémination artificielle. Une réunion en début d’année 2021 a permis d’en identifier les raisons :

  • Le manque de recul et d’information sur les effets de l’insémination artificielle. Les éleveurs doutent de la capacité de leur vache à donner naissance à des veaux plus gros et de la réelle augmentation de la production laitière.
  • La non-valorisation des veaux mâles issus de l’insémination : Lorsqu’une vache inséminée donne naissance à un veau mâle, il est vendu au même prix que les veaux de race locale et l’insémination n’apporte aucune plus-value commerciale.
  • Le manque de maîtrise des éleveurs pour détecter les chaleurs : au printemps, les troupeaux sont conduits en pâturage commun, accompagnés des taureaux. Au lieu d’isoler les vaches en chaleur pour qu’elles puissent se faire inséminer, les vachers laissent les vaches se faire monter naturellement par le taureau. Le manque de vigilance sur la détection des chaleurs entraine aussi des retards de démarrage de gestation.
  • Le mauvais état général des vaches : les éleveurs ne prêtent pas attention à la bonne alimentation des vaches à inséminer.

Plusieurs actions concrètes ont été imaginées pour améliorer cette situation : mettre en place un paiement conditionné, mieux communiquer sur l’insémination, former et accompagner les éleveurs dans la maîtrise du cycle de reproduction, diffuser les résultats technico-économiques des élevages où l’insémination a fonctionné, favoriser les visites d’échanges entre les producteurs, organiser des concours agricoles… Si les leaders d’Ertoba sont convaincus de l’intérêt de l’insémination artificielle, il y a encore beaucoup à faire pour que cette pratique soit davantage comprise et diffusée.