Du 17 au 21 septembre 2018, 4 éleveurs tunisiens du Groupement de Développement Agricole des Éleveurs de Brebis du Nord (GDAEBN) et leur vétérinaire sont allés à la découverte des éleveurs de brebis (viande et lait) des Pyrénées Atlantiques et du Lot.

Depuis 2014, Fert accompagne des éleveurs de brebis et leurs organisations dans le Nord-Ouest de la Tunisie. Cependant ce voyage d’études témoigne d’un partenariat plus étroit acté début 2018, entre Fert et le GDAEBN.

Le GDAEBN, afin de contribuer à la professionnalisation de l’élevage ovin dans le nord de la Tunisie, a engagé des chantiers d’amélioration génétique des races locales. Il s’active actuellement à rendre les schémas de sélection fonctionnels et c’est dans ce contexte que le premier contact a été pris par Fert avec le Coram (le collectif des races locales de massifs). Le Coram regroupe les organismes de sélection, en charge de la gestion et de l’orientation de la sélection ainsi que de la promotion des races locales de massifs. Le Coram et le GDAEBN partagent un grand nombre de valeurs et d’objectifs.

Largement facilité par le Coram et ses membres et partenaires, le voyage d’études de cinq jours a donc été organisé en deux temps.

Participation au colloque Seram2 : la semaine européenne des races locales des massifs, organisée à Oloron-Sainte-Marie

A travers des visites d’estives, de groupements pastoraux, de cayolars…, les éleveurs tunisiens ont pu saisir :

  • L’attachement des éleveurs au pastoralisme, à leur territoire et à leurs races locales.
  • L’importance du travail collectif dans la gestion et l’aménagement des domaines pastoraux, ainsi que dans la gestion et l’amélioration des races locales.
  • L’implication et l’investissement des jeunes dans ces activités pastorales.
  • Ainsi que toute l’organisation sociale et économique qui régit ces espaces pastoraux.

«Ce qui m’a frappé c’est qu’ils ne sont pas centrés sur la performance à tout prix, ils recherchent plutôt une juste valorisation de leur travail, c’est une recherche d’équilibre.»

Les ateliers thématiques et échanges en plénière ont permis de mieux cerner d’autres enjeux :

  • La nécessaire évolution des cahiers des charges des labels et des objectifs et critères de sélection génétique, mais avec la vigilance pour que « nous (i.e. les éleveurs) puissions rester maîtres de ces outils ».
  • L’importance du « goût pour la montagne » et de la formation, en plus des conditions de vie et des intérêts économiques, pour garantir le renouvellement des éleveurs.
  • La dimension patrimoniale et environnementale du pastoralisme devenant de plus en plus importante et reconnue en France.

Le Seram a également permis aux éleveurs tunisiens de rencontrer leurs pairs des autres massifs de France et d’Europe.

3 jours de visites et d’échanges avec des éleveurs et leurs organisations dans les Pyrénées Atlantiques et le Lot

  • Un temps d’échange avec la Chambre d’Agriculture 64, afin de mieux cerner l’organisation des acteurs de l’élevage ovin dans le département.
  • Des échanges et visites à la coopérative Axuria, afin de mieux comprendre ce qui a motivé les éleveurs à se fédérer en coopérative, comment la coopérative s’est ensuite organisée autour du Label « agneau de lait des Pyrénées » et des services de découpe et commercialisation qu’elle propose à ses membres, comment la traçabilité fonctionne…
  • Des échanges et visites avec le CDEO64 – centre départemental de l’élevage ovin – afin de mieux comprendre les services de génétique actuellement offerts par la coopérative et leur fonctionnement, l’implication et le rôle des éleveurs dans les orientations de sélection, la gestion des schémas de sélection, le suivi des sélectionneurs, la diffusion de la génétique, le lien entre les techniciens et les éleveurs…
  • Des échanges et visites avec le groupe coopératif Capel et Ovilot, afin de mieux comprendre les services offerts par la coopérative en termes de génétique, de conseil, de commercialisation (aide à l’abattage, traçabilité, label…), de comprendre comment ils ont été progressivement mis en place par les éleveurs et leur organisation, comment ils sont gérés, quels sont leurs défis…

Les échanges ont été extrêmement riches, tant en termes de technique, de fonctionnement que d’organisation. Les éleveurs tunisiens sont rentrés en Tunisie pleins d’espoir et avec beaucoup de matière à assimiler.

Au retour en Tunisie, les éleveurs ont également décidé de restituer tous leurs enseignements auprès des autres membres du groupement, dans un effort de partage et pour progressivement les fédérer autour des mêmes ambitions.

Pour en savoir plus sur le GDAEBN, retrouvez la vidéo de présentation en suivant ce lien.

«Les éleveurs français nous ont montré que cela peut fonctionner. On se demande maintenant comment chez nous, nous allons réussir à fédérer les éleveurs, à leur faire comprendre que les clés de notre développement sont dans nos mains, et que seul le collectif peut y arriver.»

«La génétique et les marques ou labels, ce sont des investissements à long terme : même s’ils peuvent offrir des retours rapides aux éleveurs, il faut regarder à long terme pour que nos choix d’aujourd’hui ne se retournent pas contre nous demain.»

«On a bien compris qu’il faut démarrer petit, avec des investissements (petits mais bien ciblés). En gros, on doit d’abord construire les fondations, et seulement quand c’est solide rajouter d’autres pierres.»