Dans le cadre de la Stratégie de Services aux Agriculteurs élaborée par le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, Fert en partenariat avec l’ONG nationale Amadese a accompagné la mise en œuvre du Fonds de Développement Agricole Régional (FDAR) de la région Alaotra Mangoro à Madagascar. Après quatre années d’accompagnement, ce dispositif sera transféré à l’établissement public national FDA en août 2021.

Afin d’anticiper ce transfert, un atelier bilan a été organisé avec les acteurs locaux du FDAR, le FDA et l’Agence Française de Développement. Durant deux jours, les participants se sont rendus sur le terrain à la rencontre de porteurs de projets et ont assisté à des débats afin de tirer les enseignements de la mise en œuvre de ce dispositif.

Qu’est-ce que les FDAR ?

Les Fonds de Développement Agricole Régionaux visent à favoriser le développement de services agricoles et des filières en subventionnant des projets de producteurs ou d’organisations de producteurs. En 2014, le dispositif s’est institutionnalisé avec la création du Fonds de Développement Agricole au niveau national dont l’objectif est d’étendre le dispositif à d’autres régions de Madagascar.

Des résultats tangibles

Durant quatre ans, 390 porteurs de projets soit 13 355 producteurs de la région Alaotra Mangoro ont pu bénéficier du financement de leurs projets collectifs ou individuels dans des domaines très variés : diversification agricole vers le poulet local, acquisition de vaches laitières ou de reproducteurs (taureau, verrat, etc.), infrastructures hydro-agricoles, développement de la pratique agroécologique en contre-saison, acquisition d’intrants productifs, etc.  Ces subventions ont atteint un moment total de 600 000€. Les porteurs de projets apportent une contribution de 10% à 30% du montant du projet.

L’exemple de Julio, un jeune agriculteur, illustre la réussite du dispositif.

Julio a achevé sa formation au collège agricole de Manganoro (appartenant à la fédération Fekama, membre du groupe Fifata) en 2019 avec la présentation de son projet d’installation devant un jury composé notamment du FDAR. Son projet a reçu l’approbation de tous les membres et le FDA lui a proposé une dotation pour le réaliser.

Grâce à sa dotation, Julio a acheté une vache de qualité pour démarrer son projet sans difficulté. Aujourd’hui, il est bien installé et diffuse de nombreux conseils à ses pairs sur la production rizicole, l’élevage ou la production maraîchère en culture agroécologique.

« Si on comptabilise tous les avantages que je tire de l’élevage de la vache laitière acquise avec la subvention du FDAR (lait, fumier, compost liquide, veau…) je gagne près de 600 000 Ariary par mois. C’est bien plus que le salaire d’un fonctionnaire dans mon village. En quatre mois, j’ai pu gagner l’équivalent du prix d’achat de ma vache. »

Il a transformé efficacement la subvention du FDAR grâce à sa formation au collège agricole et à l’accompagnement du conseiller agricole de l’OP régionale Vifam membre de Fifata. Son conseiller l’a aidé dans les démarches administratives (préparation du dossier de demande de financement, ouverture d’un compte en banque, etc.). Sans cet appui l’accès et la bonne utilisation de la subvention peuvent être compliqués.

Mais un dispositif complexe qui suppose un bon accompagnement des producteurs

L’un des enseignements majeurs de la mise en œuvre du FDAR est la nécessité d’accompagner les producteurs du fait de la complexité des démarches. Cet accompagnement doit permettre aux porteurs de projets de suivre correctement les procédures mais aussi de bien réfléchir à leur projet en amont afin qu’il réponde à leurs besoins et que toutes les compétences et matériels soient mobilisés.

C’est en ce sens que Fert et Amadese ont fait part de leurs travaux au FDA et aux financeurs de ce dispositif :

  • Un ensemble de propositions visant à rendre plus accessible le FDA aux paysans : adaptation des procédures, renforcement de la communication et de la formation des porteurs de projets …
  • Une étude relative aux conditions permettant un meilleur accompagnement-conseil des producteurs et le financement de cette fonction dans le cadre du FDA.

Ces travaux ont pour but d’alimenter les réflexions des organisations de producteurs, du FDA et des partenaires financiers dans l’amélioration du dispositif FDA et plus largement de la Stratégie de Services aux Agriculteurs en cours de révision en 2021.

Cette action est financée par l’Agence Française de Développement, dans le cadre du programme PAPAM (Programme d’Appui à la Productivité Agricole de Madagascar).