Le centre de formation agricole et rurale (CFAR) des Savanes, créé en 2019 avec le soutien de l’agri-agence Fert, la Fondation d’entreprise Louis Dreyfus et LDC Côte d’Ivoire, vient de fêter la sortie de la 2ème promotion de jeunes.

Pour en savoir plus sur la première promotion de jeunes diplômés du CFAR, retrouvez l’article ici

Au total ce sont déjà 53 jeunes qui ont été formés au métier d’agriculteur et sont ensuite accompagnés dans leur insertion professionnelle.

Parmi eux, Clément est un jeune de 23 ans originaire de Kiémou, à Siolokaha (région du Poro). Après avoir quitté l’enseignement classique en 3ème et obtenu son BEPC, Clément s’est interrogé sur son orientation. Ses parents étant agriculteurs, le jeune homme a grandi dans le monde agricole et cette activité est rapidement devenue évidente pour lui.

Dans la ville de Dikodougou, en 2019, Clément est tombé sur des prospectus annonçant l’ouverture prochaine d’un centre de formation agricole et rurale à Niofoin. Passionné par l’élevage et encouragé par son père, il s’est rendu aux épreuves de sélection.

Il a donc intégré la première promotion du CFAR. Sa formation de deux ans lui a permis de rendre plus concret son projet d’élevage et de visualiser de manière précise ses perspectives dans le monde agricole.

« La formation m’a été vraiment bénéfique et m’a beaucoup appris, particulièrement au niveau de la gestion d’une exploitation agricole. J’ai appris à construire mon projet plutôt qu’à commencer directement avec des ambitions trop grandes et me retrouver rapidement dans l’impasse ».

Au CFAR, Clément a pu apprendre à planifier et mesurer ses dépenses et à calculer son bénéfice.

Ce qui lui plait beaucoup, c’est de pouvoir utiliser ses connaissances pour aider ses parents. Il partage son savoir-faire et les conseille dans l’amélioration de leur ferme.

« Dès que je l’ai appris, j’ai enseigné l’importance de l’anticipation des frais et les méthodes enseignées au CFAR à mes parents afin de les aider dans la gestion de leur argent et de leur ferme. J’ai également pu leur montrer comment bien améliorer le sol pour qu’il reste fertile, leur enseigner les bonnes et mauvaises pratiques ».

Pour obtenir son diplôme, chaque étudiant a présenté, devant un jury composé de professionnels, son projet d’installation visant à lui permettre d’exercer le métier d’agriculteur, d’en tirer un revenu décent et de répondre aux besoins de systèmes d’exploitation durables qu’il s’agisse de production végétale ou animale.

Clément a présenté en juin 2021 un projet portant sur la production de maïs et l’élevage de porcs. A la sortie du CFAR, il a donc d’abord cultivé 1 hectare de maïs (avec des semences locales). Il a obtenu environ 2 tonnes contre 1 tonne en moyenne chez les producteurs dans la zone ce qui a suscité la curiosité de ses voisins venus nombreux le visiter. L’élevage de porcs lui demandant des moyens qu’il n’avait pas, il a su s’adapter et a finalement préféré démarrer par un élevage de poulets de chair qu’il a mis en place au début de l’année 2022. Il a reçu une dotation « coup de pouce » (équivalent à 300 000 F CFA) de la part du CFAR ce qui lui a permis d’obtenir du grillage, des abreuvoirs, des mangeoires et des poussins pour démarrer. Clément a déjà élevé et vendu 3 bandes de 150 à 200 têtes (avec un taux de mortalité inférieur à 1%) au cours du semestre.

Si la formation dure deux ans, le CFAR accompagne et soutient les jeunes sur deux années supplémentaires après la fin de leur cursus. « Les équipes du CFAR m’ont aidé, que ce soit avec l’aide coup de pouce ou en se déplaçant jusqu’à ma ferme pour m’aider et me guider. C’est un réel soutien de pouvoir continuer à leur poser des questions et bénéficier de leurs conseils après la fin de mes études ».

Si Clément se concentre aujourd’hui sur l’élevage de poulets de chair, son objectif reste l’élevage de porcs.

« Le bénéfice que je gagne grâce à l’élevage de poulets je le garde un peu au fur et à mesure pour investir notamment dans le bâtiment des porcs et commencer réellement mon élevage. L’élevage de porcs reste un gros investissement, c’est très coûteux donc il faut l’anticiper et le prévoir sur plusieurs années mais j’y arriverai, c’est vraiment mon objectif ».

Comme Clément, les jeunes de la seconde promotion du CFAR des Savanes au nord de la Côte d’Ivoire ont présenté cette semaine leur projet professionnel d’agriculture et pourront ensuite se lancer dans la création de leur propre exploitation agricole.