Dans le village de Biyehmo, la production annuelle de dattes est d’environ 1 000 t, réparties en 3 variétés :

  • 60% d’Ahmat, variété très demandée mais à durée de conservation très courte (< 24h)
  • 30% de Siwy, variété pouvant être conservée une semaine à l’extérieur et des mois au réfrigérateur. Leur valeur peut doubler pendant le mois de Ramadan
  • 10% de Balady, variété sauvage difficilement commercialisable

Les agriculteurs vendent leurs dattes de façon individuelle à des intermédiaires. Dans un contexte de demande croissante pour des dattes de qualité, ils ont eu l’intuition qu’ils pourraient s’organiser et améliorer leurs revenus en :

  • regroupant leurs productions et contournant un maillon de la chaîne de distribution
  • mutualisant les moyens de stockage pour vendre la production pendant Ramadan
  • créant de nouveaux débouchés pour la vente de produits dérivés à partir de composants de palmier

L’association de Biyehmo, accompagnée par Fert et NSCE, a commandité une étude spécifique afin d’identifier diverses opportunités pour améliorer les revenus issus de la production de dattes et d’en apprécier leur faisabilité au niveau de l’association. Organisé fin 2019, l’atelier de restitution de l’étude a été l’occasion de confronter le travail mené par les consultants aux attentes des agriculteurs et aux leaders de l’association.

Principaux constats et perspectives des agriculteurs

Commercialiser collectivement la production des membres de l’association est complexe car :

  • la mise en place de processus de contrôle et de tri de haute qualité pour vendre au juste prix et limiter les pertes est lourde à organiser en interne
  • beaucoup d’agriculteurs ne sont pas prêts à recevoir des paiements différés

Rendre viable un réfrigérateur géré au niveau de l’association est peu réaliste car :

  • les coûts de fonctionnement sont trop importants (maintenance, électricité, salaires, …)
  • l’optimisation de l’espace de la chambre froide nécessite une rotation importante du stock de dattes, ce qui est difficilement combinable avec l’objectif de la majorité des agriculteurs de vendre pendant Ramadan

Vu ces contraintes, les leaders de Biyehmo, avec Fert et NSCE, réfléchissent à d’autres options à court et moyen terme :

  • une meilleure protection sanitaire des palmiers, par une intensification de la lutte contre le charançon rouge, grâce notamment à l’acquisition d’un deuxième équipement d’endothérapie
  • une meilleure gestion post-récolte des dattes, par la formation des agriculteurs sur le stockage de la variété Siwy et notamment l’utilisation de paniers de qualité et de bâtiments appropriés pour limiter les pertes
  • le développement de la commercialisation des produits dérivés, traditionnellement produits par les femmes. La promotion de ces produits dans les foires et lieux touristiques pourrait permettre des commandes auxquelles l’association pourrait répondre.