La foire agricole du Meru a vu le jour dans le nord de la Tanzanie sous l’impulsion de Fert et à la demande d’agriculteurs locaux qui rencontrent des difficultés à rencontrer des acheteurs. Pendant trois jours, du 27 au 29 novembre, ils ont pu échanger, se former et découvrir de nouveaux produits.
Origines
Principale demande des exploitants : rencontrer des acheteurs en tête à tête. « Sans cela, nous sommes isolés, poursuit Simon Ayo. Les acheteurs ne viennent pas jusqu’à nous. Le contact se fait alors par téléphone. Quand on n’a pas suffisamment d’argent pour acheter du crédit, la communication est limitée. »
L’équipe de Fert accepte de lancer le projet, à condition qu’il soit porté par un comité d’agriculteurs et que l’association se retire peu à peu. C’est alors la naissance de Juwame, abréviation de Jukwaa la Wakulima wa Meru, plateforme des agriculteurs du Meru en swahili. Cet embryon d’association s’est donné pour moteur « L’avenir de l’agriculture est dans l’agrobusiness ». Preuve de sa volonté de sortir de l’agriculture de subsistance et de s’organiser. D’où une foire résolument professionnelle, avec un thème par jour, une conférence chaque matin et des moments d’échanges entre agriculteurs et acheteurs l’après-midi.
Jour 1 – Céréales et oléagineux
La cérémonie d’ouverture se déroule sous l’œil du comité composé de représentants des associations organisatrices, de groupes d’agriculteurs et de l’invitée d’honneur, Grace Solomon, Responsable du développement agricole et des coopératives au niveau du district Meru. Cette dernière salue le fait que cette foire soit organisée par et pour des agriculteurs. Elle parle ensuite de l’importance de passer d’une agriculture de subsistance à une véritable activité professionnelle rémunératrice. Beaucoup d’exploitants de la région cultivent en effet les denrées de base de l’alimentation tanzanienne, à savoir maïs et haricots, et ne vendent que s’il reste du surplus après avoir nourri leur famille. Difficile dans ce contexte de trouver un acheteur stable et de développer son affaire.
Jour 2 – Fruits et légumes
« Je suis venu prendre des informations pour réorganiser mon exploitation», confie Abraham Sumari en sortant d’une conférence consacrée aux fruits et légumes, au deuxième jour de la foire. A 62 ans, ce petit producteur de maïs et haricots a décidé de se tourner vers les légumes et de diversifier son activité. « Il est temps ! Mon père cultivait du maïs et des haricots, alors j’ai continué, sans me poser de questions. Mais ici, je rencontre des personnes qui m’expliquent quelles productions fonctionnent bien, comment les mettre en place et à qui les vendre. Je peux aussi échanger avec des confrères qui ont déjà franchi le pas. »
Jour 3 – Aviculture et lait
Le troisième et dernier jour de la foire est l’occasion pour ceux qui n’ont pas pu venir en semaine de faire le tour des 36 exposants présents. Energie solaire, machines agricoles, intrants, services financiers, services de certification, coopératives… En présentant leurs produits, ils font découvrir de nouvelles techniques aux visiteurs. Rebecca Mungure, 49 ans, agricultrice dans le petit village de Njeku, a fait plusieurs fois le tour des stands. « Il y a beaucoup de choix ! Certains exposants me font juste rêver, car ce qu’ils proposent est hors de mes moyens, mais d’autres répondent tout à fait à mes besoins, je découvre des outils adaptés à ma production. » Sous chaque tente, Rebecca a laissé son nom et son numéro de téléphone. Elle repart avec beaucoup de contacts et un projet : réaliser un profit grâce à la vente de poulets et acheter un panneau solaire pour enfin avoir l’électricité à la maison.
Bilan et projets