Les agriculteurs malawites investissent dans la santé de leurs poulets

Au Malawi, Fert et Fert Walima interviennent dans la région du Nord, dans le district de Mzimba où quasiment tous les agriculteurs possèdent au moins quelques poulets, ce petit élevage étant le plus accessible en termes d’investissement initial et d’entretien. Les poulets, pour la plupart de races locales, sont une source d’alimentation et de revenus et sont utiles dans les relations sociales (remerciements, fêtes, …).

Cependant, la plupart des agriculteurs n’investissent pas dans l’amélioration des élevages : les poulaillers sont rares et les poulets sont laissés en liberté pendant la journée, se nourrissant de déchets alimentaires, résidus de récoltes, vers de terre, termites, et autres insectes trouvés sur leur parcours. La nuit, les poulets sont enfermés dans les maisons afin d’être protégés des prédateurs.

Des poulets décimés par la maladie de New Castle

La maladie de New Castle est causée par un virus transmis par des poulets contaminés ou, plus rarement, par des oiseaux sauvages ayant été infectés. Elle se propage très rapidement et peut décimer tout un cheptel en quelques jours. Elle est particulièrement prévalente en juillet-août mais des épidémies peuvent aussi survenir en novembre-décembre et mars-avril, la vaccination doit donc être effectuée trois fois par an afin de protéger les poulets. Cette maladie est considérée par les producteurs comme la principale cause de décès des poulets.

Une maladie en voie d’éradication grâce à 30 paysans relais vaccinateurs

En 2024, les organisations de producteurs ont sélectionné 14 paysans-relais pour être formés par Fert et les services d’élevage du district sur l’élevage de poulets (habitat, alimentation, santé préventive et curative) et plus particulièrement sur la vaccination contre la maladie de New Castle avec le vaccin I2. Les paysans-relais ont aussi été formés sur la sensibilisation à la vaccination et le suivi des poulets recensés et vaccinés à partir d’outils simples et efficaces. Afin de maintenir la chaine du froid, ils ont été équipés de pots en terre pour le stockage des vaccins et de paniers en osier pour leur transport. Les doses sont achetées à moindre coût au Laboratoire Central Vétérinaire de Lilongwe. Fert et Fert Walima ont soutenu l’achat pour engager la première campagne de vaccination en juillet-août 2024. Depuis, les paysans-relais ont acheté les vaccins avec leurs propres moyens.

En avril 2025, 16 nouveaux paysans sélectionnés par leurs organisations respectives ont bénéficié de la même formation et ont été équipés de façon à débuter la vaccination pendant la campagne de juillet-août 2025.

A ce jour, 30 paysans-relais issus de 20 organisations de producteurs partenaires de Fert commandent et financent par eux-mêmes leurs doses achetées à Lilongwe par un de leurs représentants. Comme l’illustre le graphique ci-dessous, l’augmentation du nombre de paysans-relais a permis d’accroitre de façon significative le nombre de poulets vaccinés, réduisant de façon drastique la mortalité des poulets.

Tous les paysans-relais l’observent : « dans les zones où nous avons vacciné, aucun cas de mortalité dû à la maladie de New Castle n’a été reporté ».

Les paysans-relais ont été formés au diagnostic et au traitement d’autres maladies et parasites affectant couramment les poulets (Coryza, Variole aviaire, Coccidiose, puces, vers, etc.). 11 des 30 paysans-relais ont commencé à vendre d’autres traitements préventifs et curatifs dont les premiers ont été achetés grâce aux bénéfices générés par leurs services de vaccination.

Les paysans-relais font cependant encore face à certaines difficultés : même s’ils arrivent très tôt le matin, les poulets ont parfois déjà été libérés et les paysans-relais perdent du temps à essayer de les attraper pour les vacciner. Par ailleurs, les poulets étant davantage décimés en juillet-août qu’en novembre-décembre ou mars-avril, les paysans sont moins disposés à solliciter et payer le service de vaccination pendant ces deux périodes, d’autant qu’ils ont moins de trésorerie à ce moment-là.

Une paysanne-relais formée en 2024 témoigne

Fungai Chiumia, sélectionnée par sa coopérative début 2024, témoigne :

« Le vaccin I2 est particulièrement adapté à notre milieu car il n’exige pas de frigo. Je le mets dans du sable, sous un pot en terre rempli d’eau fraiche et je peux ainsi le conserver pendant 30 jours. Quand je pars vacciner, je mets les bouteilles dont j’ai besoin dans un petit panier en osier qui permet de conserver le vaccin pendant 3 heures. Cependant quand j’ai ouvert une bouteille, je ne peux pas la garder plus de 3 jours. Le vaccin est très facile à utiliser : il suffit d’en mettre une goutte dans l’œil du poulet… ! ».

« Depuis que j’ai été formée, j’ai vacciné 7 611 poulets de 135 producteurs qui ont augmenté leurs revenus car aucun poulet n’est mort grâce à la vaccination. J’ai obtenu un bénéfice total de 725 105 MWK (356€) qui m’a permis d’acheter 5 sacs de maïs pour alimenter ma famille et 70 kg de fertilisants pour augmenter le rendement de ma production de maïs. J’ai aussi investi dans l’achat de 100 kg de tabac que je vais revendre avec un bénéfice car l’achat-revente de tabac est une activité très lucrative dans la zone ».