Jean Corbanie est animateur bénévole pour l’association française Un filleul pour Madagascar. Alors que l’association cherche des volontaires pour assurer ce lien primordial entre les parrains français et les jeunes malgaches, il revient sur ce rôle de trait d’union qu’il assume avec conviction depuis plus de 16 ans.

Organiser le départ d’un collègue peut nous entraîner bien loin… à Madagascar, par exemple. C’est ainsi que le virus m’a pris. Il y a 16 ans, Bernard avec qui je travaillais dans le domaine de la reconversion industrielle du Nord de la France, a opté pour l’assistance plus directe en entrant au service d’une collectivité territoriale. Un « pot » fut donc organisé mais question cadeau, ce fut clair : avec son épouse, Dominique, et un autre couple d’amis, Bernard venait de décider, se substituant à leur fils Jean, de lancer une action pour aider la population Malgache. Il a donc souhaité que le fruit de la collecte soit donné à cette association. Une rencontre d’information sur ce projet étant annoncée, je m’y suis rendu et depuis Ghislaine et moi parrainons des enfants en scolarité à Imerimandroso.

Une visite fut organisée et je me suis retrouvé sur cette île rouge pour aller visiter deux collèges agricoles que l’ONG française Fert, émanation des céréaliers français, venait de créer… Une première à Madagascar ! En 2006, un autre voyage permit de constater les évolutions et de visiter un autre collège, Ambalavao qui venait d’ouvrir dans la région Haute Matsiatra, c’est-à-dire un peu en dessous du centre du pays. … Qui a dit que lorsqu’on mettait la main à la charrue, il fallait poursuivre le sillon sans regarder en arrière ?

Voir la vie concrète sur place est, pour moi, important : ces villages découverts la nuit au bord d’une route, sans électricité, chacun s’étant réfugié dans la case avant la fin du jour… ces collèges implantés dans des anciens locaux d’une entreprise, cette centaine d’enfants « tassés » dans une classe primaire, ces jeunes laissés à eux-mêmes dans des quartiers insalubres de la capitale… Des images, des chocs qui restent gravés et fournissent l’énergie les jours où on serait tenté d’arrêter cette mission d’animateur.

Parce que, les voyages à Madagascar – autofinancés ! – c’est bien mais le travail, une fois rentrés…est de longue haleine : aller dans des écoles rencontrer les élèves pour leur parler des enfants malgaches qui n’ont pas tous de quoi se rassasier tous les jours… les inviter à « sauter » un repas pour en donner le coût aux malgaches ; essayer de persuader les parents, les amis, à parrainer un de ces enfants afin de lui assurer la scolarisation, financer les frais que les parents ne peuvent assumer, ou encore participer à des rencontres, des « vide – grenier » pour collecter des fonds et expliquer aux passants la situation de ce peuple classé parmi les plus pauvres… même si ce classement de la misère me déplaît. Il s’agit aussi d’expliquer à des jeunes scolaires que là-bas on vit avec un euro par jour… à comparer aux fortunes de bien des occidentaux…

Le rôle de l’animateur des parrainages implique de faire le lien entre filleuls et marraines-parrains : récolter des informations sociales, économiques, politiques, climatiques pour les diffuser ; assurer l’envoi des lettres que les filleuls font parvenir, puis acheminer vers Madagascar les lettres des parrains ; parfois écrire au nom de parrains qui n’ont pu le faire.