Du 30 avril au 8 mai 2016, Jean-François Isambert et Paul-Henri Doublier, respectivement Secrétaire Général et administrateur de l’AGPB – et par ailleurs administrateur et membre de Fert – se sont rendus à Madagascar pour une première mission. L’occasion, pour ces deux responsables professionnels, de rencontrer les élus de Fifata et d’échanger sur les services proposés par cette organisation nationale de producteurs partenaire de Fert depuis 27 ans. Un voyage riche en découvertes et en réflexions.

Si Jean-François Isambert avait eu l’occasion de prendre part aux festivités des 25 ans de Fifata en 2014, ce voyage d’échange était pour les deux responsables professionnels l’occasion de véritablement prendre le temps de découvrir le pays et les services proposés par les organisations du groupe Fifata (Fifata, Ceffel, Fekama, Cecam, Cap malagasy…) à leurs membres.

Au marché de Betafo en début de semaine, les deux hommes, accompagnés par une délégation d’administrateurs de Fifata et de techniciens, ont pu découvrir l’organisation du marché et le service d’information économique des légumes – Siel – délivré par le Ceffel. « Il est important de comprendre le rôle de chacun sur le marché, y compris le rôle de l’État » expliquait Jean-François Isambert suite à cette visite. Au centre du Ceffel ensuite, ils ont pu apprécier cette recherche appliquée au service des producteurs mais aussi le rôle du conseiller agricole, notamment en s’essayant au Kilalaom pitantanana – littéralement « jeu de gestion » – jeu pédagogique d’aide à la décision, destiné aux agriculteurs familiaux. Un support conçu et réalisé par Cap Malagasy (en partenariat avec Fert), jeune structure spécialisée en conseil agricole à Madagascar.

Plus encore, il s’agissait, malgré le temps court de cette première mission, d’échanger entre élus agricoles sur l’engagement professionnel. Le trajet en minibus vers la région Amoron’i Mania où réside le Président de Fifata, Roland Rakotovao, a permis la découverte des champs en terrasse, caractéristiques des hauts plateaux, mais aussi des discussions animées entre agriculteurs. Une occasion de vraiment fraterniser pour mieux se comprendre et échanger. Parler de l’histoire des organisations professionnelles céréalières françaises, mais aussi parler de la plus jeune histoire du groupe Fifata. « Il est important de faire vivre ce terreau historique afin de souder le groupe dans la durée et éviter sa désagrégation » expliquaient les deux élus, engagés à la fois dans l’association spécialisée des producteurs de blé, mais aussi dans d’autres organisations liées telles qu’Arvalis, Unigrains, ou encore Passion Céréales.

Le Président de Fifata est un producteur d’agrumes, qui a pu faire visiter avec fierté son exploitation et parler de son engagement professionnel : concilier métier d’agriculteur et vie de famille, assurer la représentation de Fifata dans les réunions et instances, effectuer très souvent des déplacements à Antsirabe ou Antananarivo avec des transports souvent longs et compliqués. Un véritable sacerdoce pour ce père de famille quadragénaire, président de Fifata depuis décembre 2012.

Sur la route de l’Amoron’i Mania, la rencontre avec un jeune sortant d’un des cinq collèges agricoles de la Fédération Fekama, a permis aux deux responsables français de toucher du doigt le quotidien des élèves à l’issue de leur parcours de trois ans au collège mais aussi de mieux appréhender l’enjeu de formation de la relève, projet nourri de longue date par Fifata ; une ambition qui a vu la création des deux premiers collèges en 2003. Les deux élus de l’AGPB ont pu à cette occasion témoigner de leur propre parcours de formation mais aussi, pour Paul-Henri Doublier, parler de son rôle de Président du lycée agricole de Nermont à Chateaudun (29).

Mobilisés pour toute cette semaine de rencontres et de visites, les élus de Fifata et leurs hôtes ont pu clore le séjour par une séance de réflexion sur le rôle de leader paysan : « On a pu voir combien la formation de leaders paysans (FLP) est pertinente, témoignaient en chœur les deux Français. Les gens qui l’ont suivi montrent une ouverture d’esprit, une capacité d’adaptation et une capacité à travailler ensemble. »

Une occasion supplémentaire pour débattre entre pairs de la posture de leader qui défend les intérêts des milliers de paysans qu’il représente.  « L’action syndicale est un combat, disaient Paul-Henri Doublier et Jean-François Isambert. Il faut se souder autour d’un combat, comme celui de la formation des jeunes par exemple, car il est difficile de mener plusieurs combats de front. Dans une action syndicale, il faut montrer que ce que l’on a et ce que l’on fait rencontre l’intérêt de l’autre. » Un équilibre à construire et à préserver.